Bâtir un pont : l'Église et la commnauté LGBT
Rédigé par Métro-Boulot-Catho -Dans mes lectures récentes, le Building a Bridge du père James Martin, récemment traduit sous le titre Bâtir un pont : l'Église et la communauté LGBT par le frère Marie-Augustin LHB op, traduction publiée aux éditions du Cerf, en toute logique (le traducteur étant dominicain).
Ayant suivi sur les réseaux sociaux la sortie de ce livre, et la polémique qui s'en est suivie (le père J. Martin a été violemment attaqué par les milieux conservateurs), j'étais impatiente de le découvrir. Grâces soient rendues au traducteur qui l'a rendu possible.
Le père James Martin, américain, jésuite, est un éditorialiste régulier du magazine America (seul hebdomadaire catholique des États-Unis) et consulteur au Secrétariat pour la communication du Saint-Siège et du Vatican.
Le propos du livre est clairement pastoral, et pour cette raison me laisse un peu sur ma faim. Je cherche encore une réflexion plus théorique sur l'enseignement de l'Église catholique à propos de l'homosexualité. Il m'est extrêmement difficile de comprendre le fait même de l'homosexualité : si, comme l'Église l'enseigne, Dieu a voulu l'altérité sexuelle, d'où vient que des hommes et des femmes ne peuvent la vivre ? Si cet empêchement a une origine biologique, et parce qu'il me parait évident que l'homosexualité n'est ni le signe, ni la cause d'une quelconque malédiction divine (expression parfaitement oxymorique s'il faut en croire l'Église), alors comment l'expliquer ? Je regrette qu'il soit si difficile d'exprimer cette incompréhension, quand elle est dénuée de malveillance, dans un contexte où le militantisme des uns rend souvent le dialogue impossible.
Ce livre, dans l'ensemble, est très marqué par le contexte américain, ce qui à mon sens en limite un peu la portée. Le contexte de la rédaction (à la suite des réactions à la fusillade de juin 2016 à Orlando, dans une boîte de nuit gay, convoque à la fois la place des armes aux USA et les fusillades de masse qui y ont lieu, le rôle du clergé dans un pays imprégné de religion, et le poids du clergé catholique dans un pays majoritairement protestant. Si un tel événement se produisait en France, ce qu'à Dieu ne plaise, je ne sais pas si les réactions seraient les mêmes, ou auraient le même sens.
Que dit-il, dans l'ensemble ? Pour l'essentiel, qu'il est temps de construire, entre l'Église institutionnelle et la communauté LGBT, un "pont", symbole de relations plus apaisées et empreintes, de part et d'autre, de trois vertus énoncées par le Catéchisme de l'Église catholique : respect, compassion et délicatesse. Que la première étape du respect, est d'appeler son interlocuteur par le nom qu'il souhaite avoir. Qu'il convient ensuite d'éviter tout ce qui peut blesser, même involontairement. Rien de révolutionnaire, donc, mais de nombreuses anecdotes viennent illustrer la diversité des situations et montrer comme le malentendu peut vite arriver.
La principale limite du propos tient à mon avis au fait que, pour qu'un dialogue puisse avoir lieu, il faut être deux. Et que si l'Église institutionnelle est facile à identifier, il n'en va pas tout à fait de même en face. Qui est le représentant le plus légitime de la communauté LGBT ? On sent confusément que ce dialogue est nécessaire. Mais dans un contexte où les associations militantes ont tôt fait de crier à l'homophobie, à quel niveau et avec qui construire ce dialogue ? Comment, de plus, le construire dans une charité sincère, qui ne soit pas de la condescendance, tout en maintenant l'enseignement de l'Église ? Si la multiplication des initiatives locales peut nous réjouir, un relativisme casuistique ne risque-t-il pas de dénaturer cet enseignement ?
De toute évidence, l'auteur accomplit un travail remarquable auprès de nombreux gays. Pour ma part, je suis contente de n'être pas confrontée quotidiennement à de tels dilemmes.
#1 - MBKto a dit :