"... comme nous pardonnons aussi..."

Rédigé par Métro-Boulot-Catho -

"Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés."

Comment comprendre ce comme ? Si Dieu nous pardonne comme nous pardonnons, à la mesure de notre pardon, ... on n'est pas sortis de l'auberge !! (enfin, vous j'sais pas, mais moi....)

Je ne sais pas s'il existe une bonne explication à ce comme. Je livre ici la mienne, elle vaut ce qu'elle vaut.

Relisons le passage de l'Evangile où Jésus enseigne aux disciples le Notre Père (Lc 11, 1-13) :

Un jour, quelque part, Jésus était en prière. Quand il eut terminé, un de ses disciples lui demanda : « Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean Baptiste l'a appris à ses disciples. »
Il leur répondit : « Quand vous priez, dites :
'Père,
que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne.
Donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour.
Pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes nous pardonnons à tous ceux qui ont des torts envers nous.
Et ne nous soumets pas à la tentation.' »

Bon, jusque là, rien de neuf, si ce n'est que la traduction liturgique est un peu différente du texte habituel de la prière. Continuons.

Jésus leur dit encore : « Supposons que l'un de vous ait un ami et aille le trouver en pleine nuit pour lui demander : 'Mon ami, prête-moi trois pains : un de mes amis arrive de voyage, et je n'ai rien à lui offrir.' Et si, de l'intérieur, l'autre lui répond : 'Ne viens pas me tourmenter ! Maintenant, la porte est fermée ; mes enfants et moi, nous sommes couchés. Je ne puis pas me lever pour te donner du pain', moi, je vous l'affirme : même s'il ne se lève pas pour les donner par amitié, il se lèvera à cause du sans-gêne de cet ami, et il lui donnera tout ce qu'il lui faut. Eh bien, moi, je vous dis : Demandez, vous obtiendrez ; cherchez, vous trouverez ; frappez, la porte vous sera ouverte. Celui qui demande reçoit ; celui qui cherche trouve ; et pour celui qui frappe, la porte s'ouvre. Quel père parmi vous donnerait un serpent à son fils qui lui demande un poisson ? ou un scorpion, quand il demande un oeuf ? Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père céleste donnera-t-il l'Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! »

Je crois que ce passage éclaire le comme du Notre Père. C'est un comme de conséquence, de corollaire. Ce qu'exprime le car de la traduction liturgique.

Autrement dit, je pense qu'on peut le comprendre comme : "Puisque nous-mêmes, qui sommes "mauvais" (en tous cas finis, imparfaits), nous sommes capables de pardonner, Toi Seigneur, Tu ne peux pas faire autrement que nous pardonner". Dieu, d'une certaine manière, est "coincé", obligé de pardonner puisque même nous, on y arrive (trop forts !).

Nous sommes tous capables de pardonner.

Tu vas me dire : "oui, mais moi il y a quelqu'un auquel je suis incapable de pardonner, c'est trop dur pour moi". C'est vrai ; mais je crois que Dieu sait combien le pardon peut être difficile, pour nous les hommes ; et qu'il nous faut du temps (temps dont on ne disposera peut-être pas en ce monde) pour que cette démarche s'accomplisse en nous. De ce fait, je pense que Dieu n'exige pas que nous ayons pardonné à tous ceux qui nous ont offensés au moment où nous-mêmes lui demandons son pardon. Son pardon à Lui est total et immédiat, parce qu'il ne peut être partiel ou conditionnel. Notre pardon à nous est graduel, potentiel, et s'inscrit dans le temps. Un jour, il devient effectif, si du moins l'on vit jusqu'à ce qu'il le devienne. Il reste longtemps étouffé, difficile, impossible ; mais parce que notre cœur y aspire profondément, notre être en est capable. C'est ce potentiel de pardon qui nous rend dignes d'être pardonnés.

Ne crois donc pas que Dieu ne pourra te pardonner QUE lorsque tu auras toi-même pardonné à tous ceux qui t'ont offensé, et que d'ici là tu es tout seul ; Dieu te pardonne dès aujourd'hui parce qu'Il sait que tu peux pardonner demain, après-demain, dans 5, 20 ans peut-être, cette blessure si profonde qui te ronge le cœur. Même si ta vie entière n'est pas assez longue pour que ce pardon puisse s'exprimer dans ton cœur.

Et j'irais même plus loin : Dieu te pardonne aujourd'hui POUR que demain, tu puisses pardonner. Ainsi, le pardon reçu devient SOURCE du pardon donné.

(pour la citation : traduction liturgique, © AELF - Paris - Tous droits réservés )

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