Subjectives, les notes ?

Rédigé par Métro-Boulot-Catho -

Dans mes affaires personnelles, j'ai conservé quelques cours et copies (français et histoire-géo) de mon année de seconde (1994-1995), rares archives ayant survécu à plusieurs déménagements. C'est assez instructif de se replonger dans ce genre de document, surtout quand on est, soi-même, devenu professeur.

Quelques conclusions :

  • c'est fou le nombre de trucs qu'on a appris et qu'on a oublié :-)
  • la maîtrise de la rédaction est une compétence qui s'acquiert lentement (ou : "moi aussi, à 15 ans, j'étais parfois maladroite" - mais moins que mes élèves !)
  • à l'âge de mes élèves, je maîtrisais mieux qu'eux la prise de notes en cours, mais pas autant que j'avais -complaisamment- tendance à le penser

Mais l'enseignement le plus intéressant que j'en tire, c'est quand je relis mes copies en essayant de les évaluer en tant que professeur, aussi objectivement qu'il est possible de l'être.

D'abord, l'exercice me confirme que la notation est une chose dans l'ensemble très relative. La note d'une copie dépend forcément du contexte dans lequel elle est mise (qu'a-t-il été enseigné dans le cours précédant l'évaluation ? sur quoi le professeur a-t-il insisté ? quel est le niveau général de la classe ?). C'est la raison pour laquelle un bulletin trimestriel fait toujours apparaître la moyenne de classe, ainsi que le maximum et le minimum. Cela limite forcément la portée de l'exercice de "relecture" auquel je me suis amusée (n'ayant pas ces éléments, difficile de donner une note).

Ensuite, et bien que cela paraisse contradictoire avec ce qui précède, la notation est beaucoup plus cohérente, d'un professeur à l'autre, qu'on le dit généralement - même dans les matières littéraires, réputées moins objectives (tu parles !). Bien sûr je n'ai réalisé cet exercice que sur un petit nombre de copies. Mais je peux dire honnêtement que, comme professeur, je juge aujourd'hui l'élève "Moi-il-a-20-ans" quasiment de la même façon que mon professeur d'alors. Les manques et défauts qu'elle remarque dans la marge, je les aurais relevés aussi. Les bonnes remarques qu'elle a soulignées ? idem. Au final, j'aurais mis une note très semblable, à +/- 2 points près ; la variation dépendant des éléments contextuels relevés ci-dessus.

Deux choses donc à retenir :

  • une note n'est jamais un absolu
  • mais les critères de jugement sont, dans une certaine fourchette, les mêmes d'un professeur à l'autre : une bonne copie restera une bonne copie, tandis qu'un raisonnement immature, plat, et sans connaissances précises sera toujours pénalisé.

Même en français ou en philosophie. Les gens (ceux avec qui j'ai eu l'occasion de parler, ou dont j'ai entendu ou lu le témoignage) pensent souvent que dans ces matières particulièrement, le correcteur juge ce que pense l'élève - en ayant tendance à le pénaliser si son opinion personnelle est différente. Mais ce n'est pas le cas : même quand il est invité à exprimer une opinion personnelle, on juge sa capacité à argumenter (et nuancer) une opinion (quelle qu'elle soit) par une connaissance précise des arguments qui ont été soutenus par différents auteurs.

En histoire-géo, on juge la précision des connaissances, la qualité du raisonnement, la pertinence avec laquelle une information est "amenée", et le sens critique de l'élève. Toutes ces notions (la dernière surtout) sont certainement difficiles à comprendre et appréhender par les élèves ; mais ces critères, malgré la part d'incertitude qui leur est inhérente, sont beaucoup moins subjectifs que veulent le croire ceux qui s'en estiment lésés...

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