Cela fait maintenant quelques années que j'enseigne dans le secondaire, et j'observe les jeunes qui sont en face de moi. En ce qui me concerne, ils sont issus de ce qu'on appelle les "classes sociales favorisées", voire très favorisées. Ce "favorisées" se paie souvent de responsabilités professionnelles importantes, donc des horaires difficilement compatibles avec la vie de famille. Beaucoup de couples éclatés (en conséquence, j'aurais envie d'ajouter).
Et plus j'y réfléchis, plus je pense qu'il manque deux choses à ces enfants, à ces générations montantes : d'une part, le contact avec la matière, le concret ; d'autre part, ce que j'appellerais une culture de la conversation avec d'autres générations que la leur.
Je ne sais pas si mon constat est généralisable à l'ensemble de la jeunesse française, et je serais curieuse que des collègues exerçant dans d'autres contextes que le XVIe arrondissement parisien me donnent leur témoignage.
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Jusqu'à une date récente (vendredi dernier, en fait), je n'avais pas de smartphone. La volonté de conserver un semblant de liberté vis-à-vis d'un appareil électronique m'a fait retarder au maximum l'adoption d'un joujou aussi addictif. J'avais toujours un vieux téléphone avec un forfait minimaliste et je m'en portais très bien.
Mais la généralisation des smartphones autour de moi rendait inéluctable ma conversion : les photos des neveux affichées sur un timbre-poste, c'est un peu frustrant tout de même. À Paris, il devient de plus en plus difficile de ne pas avoir de smartphone : par exemple, les abribus n'affichent plus le plan du réseau RATP intégral - plus moyen de composer son propre itinéraire "à l'ancienne". Et j'ai constaté durant l'été la disparition des cyber-cafés, même dans une station touristique pourtant fréquentée. (C'est là un point qui me laisse d'ailleurs perplexe : nous aurons vu un secteur d'activités apparaître, puis disparaître en moins de 20 ans. Étonnante époque).
Il y a quelques mois, quand j'ai senti approcher l'inéluctable moment, j'ai commencé à prospecter. Un des points qui nourrissaient ma réticence à l'égard des smartphones était le coût environnemental et social de la production, de l'acheminement et de l'élimination de ces petites bestioles.
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