Ce matin en 5e j'aère la classe, un peu contre la volonté des élèves, en expliquant que les neurones ont besoin d'oxygène.
Je retrouve une partie de cette classe, en fin de journée, au CDI. Je fais ouvrir les fenêtres.
Quelques minutes plus tard, je demande à l'élève le plus près (appelons-le Odon, saint du jour) de fermer. Il demande quelques minutes de plus.
Une voisine lance
"Il faut encore aérer les neurones d'Odon"
Je la remets gentiment à sa place :
"C'est parce qu'il en a beaucoup, alors ça prend plus de temps"
Et le Odon en question me remercie en se marrant.
Quelques instants plus tard, je m'approche du groupe qui a échangé quelques mots et Odon me dit :
"Elle dit que je n'ai pas d'humour !"
Alors je mets fin à leur chicane :
"Ah, ben aussi, vous avez des neurones : on peut pas tout avoir !"
Depuis quelque temps, j'ai entrepris, sur les conseils d'un prêtre, de me confesser régulièrement. Mais avec la répétition vient la difficulté : comment se confesser quand on ne sait pas quoi confesser ?
Non que je ne commette aucun péché, bien sûr. Mais enfin, on ne tue pas son père ou sa mère tous les jours. Sur le plan strictement positif, en considérant les actes commis, mes péchés sont d'une banalité désolante ; quant à leur portée, je la qualifierais bien de ridicule si je ne craignais pas de me rendre ipso facto coupable de complaisance avec mon propre péché. Si l'on considère le péché par ommission, c'est-à-dire le bien que j'aurais pu faire et que je n'ai pas fait, alors la liste devient interminable. Plus problématique encore, la difficulté à pointer des actes précis pour ne pas en rester à de vagues généralités ; tout le monde, à un point ou un autre, "est orgueilleux" ou "manque de charité".
Cet été, un prêtre m'a donné un conseil qui compte parmi les meilleurs que j'ai reçus : préparer sa confession à l'aide d'un passage de la Parole de Dieu. Ce peut être un passage qui vous tient à coeur, mais le plus simple est de prendre l'évangile du jour, et se laisser surprendre par Dieu. Prier ce texte, le relire plusieurs fois, et relire sa vie au regard de l'attitude des protagonistes. L'autre jour par exemple, c'était les marchands du Temple. À quel point ne suis-je pas, moi aussi, installée dans ma vie spirituelle, dans une petite routine pas trop engageante (les marchands sont dans le Temple mais pas dans le sanctuaire) ?... Et ainsi de suite.
Je peux vous assurer que c'est extrêmement fructueux, et donne au sacrement de miséricorde une profondeur bien plus puissante que la simple notion d'examen de conscience. Ce devrait être comme ça qu'on apprend aux enfants à se confesser, plutôt que les traumatiser par une liste de "cases à cocher" qui dégoûte à coup sûr du confessionnal.
Ah, et une dernière chose : une confession n'a pas besoin d'être longue. Il m'est déjà arrivé de ne confesser qu'un seul péché, parce que j'avais pris conscience que je vivais "dedans", pour ainsi dire. Ce que je veux dire, c'est qu'on n'a pas besoin d'attendre d'avoir suffisamment de matière à confesser, ni qu'on doive impérativement racler jusqu'aux fonds de tiroir comme pour satisfaire le prêtre, qui n'est pas là pour être satisfait. Les péchés oubliés en confession sont dissous comme les autres dans la miséricorde de Dieu. Quant aux péchés non avoués, l'acte commis est déjà pardonné par Dieu, mais la dissimulation est en elle-même un nouveau péché... Qui aime la vérité vient à la lumière ; la prière juste, dans un tel cas, est de demander à Dieu Son aide pour faire le chemin vers cette lumière. Elle viendra en Son temps.
Au CDI, les élèves demandent régulièrement à utiliser les ordinateurs. En règle générale, leur demande ressemble à : "j'peux aller sur les ordinateurs ?" (quand ce n'est pas carrément les "ordis").
Ma collègue et moi les obligeons à reformuler leur demande correctement, histoire que les concepts se mettent en place dans leur tête (on ne va pas " sur un ordinateur " : on ne grimpe pas sur la boîte noire. De même qu'on ne fait pas des recherches "dans l'ordinateur" : on n'ouvre pas la boîte avec un tournevis).
Lundi, ma collègue reprend un élève pour lui faire énoncer l'idée "utiliser un ordinateur pour travailler". Quand il y est parvenu, elle lui demande de tout reprendre dans une vraie phrase (on lâche rien), sujet-verbe-complément : "puis-je s'il vous plaît...".
J'ajoute en riant "Et même, pour s'adresser à une femme, il faut un sujet, un verbe, et un compliment !"
Un élève spectateur de la scène a adoré le jeu de mot. Maintenant, pour demander n'importe quoi au CDI, il démarre toutes ses requêtes par : "Chère Madame, ..." !
J'ai fait, cet été, un stage d'aquarelle en Normandie. Il y a plusieurs manières de "faire de l'aquarelle", selon le résultat recherché. Ici, l'objectif était une réalisation de type "carnet de voyage".
J'ai ensuite essayé d'appliquer les conseils reçus lors d'une randonnée en Dordogne...
Enseigner l'histoire n'est jamais un acte neutre, et l'actualité récente (discours de F. Fillon à Sablé) vient démontrer une fois de plus la dimension politique de cet enseignement.
Je voudrais ici entamer une réflexion sur ce sujet - je dis "entamer" car je n'ai pas l'intention de faire le tour de la question aujourd'hui (en particulier j'espère trouver le temps, quand il va sortir, de lire L'Histoire politisée ? de V. Badré), et je n'ai même pas l'intention de revenir sur les propos de F. Fillon - je me suis donnée pour règle, sur ce blog, de ne pas ajouter du bruit au bruit en réagissant immédiatement aux innombrables polémiques qui agitent ce verre d'eau qu'on appelle "débat public".
Je voudrais juste revenir sur une critique que l'on fait à l'enseignement contemporain de l'histoire, selon laquelle il aurait abandonné la chronologie. C'est faux (on n'a jamais enseigné l'Antiquité avant le XVIIe siècle et on fait toujours des frises chronologiques), mais la critique s'appuie sur une évolution de l'enseignement de l'histoire qui elle, est bien réelle (et les frises chronologiques ne ressemblent plus à celles d'autrefois, comme on le verra plus bas).