L'art délicat de l'orientation
Rédigé par Métro-Boulot-Catho -Choisis un travail que tu aimes, et tu n'auras pas à travailler un seul jour de ta vie. Vous connaissez certainement cette phrase qu'on prête à Confucius (mais comme l'a justement dit Abraham Lincoln : le problème avec les citations sur Internet, c'est qu'on n'est jamais sûr de leur authenticité). Qu'elle soit ou non authentique, elle connaît un certain succès de nos jours, car elle colle bien avec la mode contemporaine du développement personnel.
Elle est vraie en un sens, mais n'aide pas forcément des élèves qui n'ont pas, tous, une claire idée du genre de travail qu'ils pourront aimer.
Il y a quelques temps, je suis tombée sur la vidéo d'une conférence TEDx de Benjamin Todd, dont le titre a retenu mon attention, parce qu'il prend un peu le contrepied du cliché habituel : To find work you love, don't follow your passion. Je vous conseille de la regarder si possible, mais je vais ci-dessous en résumer la substantifique moelle, pour expliciter la raison pour laquelle j'en parle. C'est que le raisonnement tenu par le conférencier colle assez bien au propos d'un livre qui a récemment rejoint ma bibliothèque : Ta vie est une mission, par Marguerite Chevreul, aux très recommandables éditions Emmanuel.
Il part d'un constat : avoir une passion, c'est bien, mais pas forcément l'idéal pour choisir sa carrière. On peut avoir une passion mais pas de talent particulier, ou une passion "de niche" qui n'intéresse personne - et donc ne permettra pas d'en vivre. Être passionné, c'est bien, mais à la fin du mois il faut payer les factures. Et puis, une "passion", tout le monde n'en a pas.
Son conseil est donc d'identifier un besoin du monde, c'est-à-dire un domaine dans lequel on peut apporter quelque chose au monde (le rendre meilleur pour reprendre ses termes), et devenir bon dans ce domaine. Chercher à développer ses compétences dans un domaine bien identifié, assez largement pour qu'elles soient adaptables (les carrières uniformes sont, et seront encore davantage à l'avenir, de plus en plus rares), mais les développer vraiment pour devenir bon, et dans ce domaine contribuer à rendre le monde meilleur.
Voilà qui rappellera à mon lectorat catholique averti la parabole des talents (le lectorat moins catholique ou moins averti se reportera au chapitre 25 de l'évangile de Mathieu, versets 14 à 29 ; attention ça défrise un peu à la fin). Nous avons tous des talents ; les identifier pour les faire fructifier au bénéfice du Bien commun, voilà la mission dont parle Marguerite Chevreul.
Elle donne pour ce faire (identifier ses talents) des pistes d'exercice auxquelles on se reportera avec profit si besoin.
Ce qui m'intéresse, et qui rejoint le raisonnement "laïc" de Benjamin Todd, c'est la façon dont elle insiste sur plusieurs points :
d'abord, utiliser ses talents rend heureux ;
ensuite, on doit développer ses talents ;
enfin les talents qu'on a, une fois développés, doivent contribuer à rendre le monde meilleur.
Il me semble qu'il y a là une base intéressante pour réfléchir à ce qui peut donner sens à une vie.