Aquarelles 2020
Rédigé par Métro-Boulot-Catho -La production 2020 en aquarelle est... parcimonieuse.
La production 2020 en aquarelle est... parcimonieuse.
Il y en a un qui doit être vachement content en ce moment, c'est le Diable. Pas parce que les messes sont interdites - elles ne le sont pas. Pas non plus parce que les sacrements sont inaccessibles - ils ne le sont pas. Mais parce que les catholiques se déchirent et ça, il kiffe.
Le premier confinement, qui nous a tous pris par surprise, était strict et nous avons été coupés de la structure ecclésiale (et des communautés paroissiales) juste avant Pâques ; et ça c'était moche. Mais, privée des sacrements, j'ai pu constater que la grâce de Dieu supplée car, si essentiels soient-ils pour nous, Dieu est plus grand que les sacrements. J'ai senti autrement, mais sans conteste, la présence de Dieu. Sur ce plan là, je n'ai pas ressenti ma solitude forcée comme une souffrance. Et pouvoir de nouveau communier a été une joie très profonde dont je n'aurais peut-être jamais goûté la saveur sans cette privation.
Ce second confinement nous prive de nouveau de messes publiques, mais d'une façon bien plus injuste quand certains, dont je fais partie, continuent d'exercer leur activité dans des conditions qui rendent absolument risible l'argument sanitaire qui appuie la fermeture des messes. Quoi ?! Je passe la semaine dans des salles de classes, cantine et salle des profs, à proximité immédiate de plusieurs centaines de personnes, et je serais en danger dans une cathédrale dont le volume intérieur se chiffre en dizaines de mètres cube ? Laissez-moi rire !
En ce qui me concerne, j'ai cependant une chance immense, car j'enseigne dans le privé, et nous bénéficions de la présence au collège d'un prêtre sur une bonne partie de la semaine. De plus, les équipes pastorales en paroisses s'organisent pour ménager des temps sur lesquels il est possible de recevoir la communion ou se confesser. Donc, je ne suis pas du tout dans la même configuration qu'au printemps, au moins pour le moment. Il reste que la messe dominicale en paroisse est très structurante pour moi ; et les vacances de Noël limiteront les possibilités, sans parler de la perspective un peu déprimante d'une messe de minuit en vidéo.
C'est la raison pour laquelle j'ai espéré une réouverture et soutenu les actions légales qui la demandaient. Je regrette d'ailleurs que les représentants de l'Église catholique soient les seuls à être montés au créneau (parce qu'il est évident que les représentants des autres cultes se seraient précipités pour exiger l'égalité en cas d'avis favorable du Conseil d'État, et cela aurait d'ailleurs été bien normal, et c'est d'ailleurs bien la raison pour laquelle le recours a été refusé).
Mais cela n'a pas abouti pour le moment et, comme la majorité des catholiques français, je suis légaliste. C'est avec un peu d'agacement que je vois certains identitaires afficher leur revendication dans une confusion des genres perverse entre la manifestation et la prière. La Croix n'est pas un étendard et non, les chrétiens ne sont pas persécutés en France.
Mais c'est avec douleur que je lis certains autres chrétiens donner à leurs propres frères des leçons hiérarchisant les voies de la vie spirituelle, "oui la messe est importante mais...". Cette compétition malsaine à qui priera le plus loin est détestable. Si j'affirme que pour moi, par rapport à ma vie spirituelle, la messe en vidéo est une alternative dégradée de la messe communautaire, il n'appartient à personne de me répondre que c'est pareil. C'est aussi simple que cela. Et si je récuse toute persécution, je veux pouvoir dénoncer l'analphabétisme religieux de responsables politiques parfaitement étrangers à cette réalité vécue par des millions de gens : croire en Dieu, prier, se réunir régulièrement entre croyants. Ces gens n'ont tout simplement aucun sens de cette réalité.
Il est toujours dommage que les catholiques se déchirent entre eux sur la question très ancienne de savoir jusqu'à quel point il faut obéir aux autorités civiles ; mais ce débat est normal, en un sens. En revanche, il est détestable que certains se permettent de croire qu'ils ont mieux compris que les autres "ce qui est important". Que connais-tu de la vie spirituelle des autres, de leurs combats intimes, de leurs joies et de leurs désolations ? Occupe toi donc de tes fesses, comme je le dis à mes élèves.
Pour finir sur une note plus gaie, je crois cependant avoir trouvé le moyen de réconcilier tout le monde. Puisque la communication gouvernementale insiste sur le fait que les funérailles sont autorisées, avec l'air de vouloir nous consoler comme ça de la privation de messes, je propose qu'on monte un Tinder-like qui mette en relation les petites vieilles à enterrer et les catholiques frustrés de célébration. Il n'y a plus qu'à trouver 5 ou 6 grand-mères d'ici Noël.
N'hésitez pas à revenir vers moi pour plus de bonnes idées.
Les lectures de la messe de ce jeudi avaient un fil conducteur rassurant, pourrait-on dire.
Dans la première, il est question de David, à propos duquel Paul (qui s'adresse aux Juifs rassemblés dans une synagogue) rassemble plusieurs passages de la Bible : J’ai trouvé David, fils de Jessé ; c’est un homme selon mon cœur qui réalisera toutes mes volontés. Quand on sait de quoi fut capable David, qui fit tuer le général dont il avait mis la femme enceinte, lire que Dieu avait vu en lui un homme "selon son cœur" est tout de même vachement décrispant. Dieu n'exige pas la perfection.
Qui réalisera toutes mes volontés nous remet devant la question de la volonté de Dieu. David a réalisé la volonté de Dieu ; mais pas que. Je veux dire qu'il a aussi agi selon ses volontés à lui. Nulle part sa liberté à lui n'a été abolie. Dieu mendie l'obéissance, mais n'exige pas l'écrasement de l'individu.
Et Dieu fait une promesse à son serviteur : ma main sera pour toujours avec lui, mon amour et ma fidélité sont avec lui. Je crois qu'en hébreu, vérité et fidélité sont une même racine. Il n'y a pas d'amour vrai s'il n'est fidèle. La promesse de Dieu n'a pas de limite dans le temps. Même au serviteur indigne, Dieu ne retire pas son amour.
J'ai, dans ma classe de 5e de cette année, un élève qui est un véritable sketch à lui tout seul. Intelligent en diable, mais susceptible comme un pou. Du genre à bouder comme un gamin pour un oui ou pour un non. Je ne compte plus ses "ça s'fait pas" indignés ; je ne les compte plus, car pour tout avouer, je m'amuse à les provoquer, le sachant assez fin pour comprendre peu à peu cet humour.
On l'entend tout à l'heure sortir une énormité : "Le Bangladesh, c'est en Afrique".
Tous les autres se retournent vers lui pour le chambrer. Bon prince, il reconnait son erreur avec le sourire et lance : "L'erreur est humaine".
Je décide de le provoquer. "Oui, mais vous, est-ce que vous êtes humain ?"
Comme prévu, il s'indigne, et j'entends son "ça s'fait pas !" immédiatement suivi de son visage boudeur. Il me lance alors : "Et vous, vous êtes une mammifère même pas identifiée".
Petit frisson des autres qui retiennent leur souffle devant l'impertinence de leur camarade. Je prends le parti d'en rire franchement : "Ah, non, mais moi je ne suis même pas une mammifère du tout : je suis un monstre !"
Même lui a rigolé.
...
Un peu plus tard, il rechigne à copier une définition, un peu longue. Il m'explique alors très sérieusement : "Mais moi, Madame, pour les définitions, j'apprends juste la première phrase : direct, efficace !"
Moi, du tac au tac : "Ah, alors je vais corriger vos copies comme ça : juste les trois premières questions : direct, efficace !"
Il s'indigne immédiatement et commence : "ah mais ça s'...".
Et là il s'est arrêté net, comprenant qu'il était coincé.
Si ce blog n'a pas été conçu comme une tribune politique, je voudrais exprimer quelques réflexions à propos de la loi dite "de bioéthique" (mais qu'a-t-elle encore de bio- ou d'éthique ?) actuellement en cours d'adoption.
Parce que cette loi a été définie comme une ouverture de droits aux homosexuels (alors même qu'elle contient des dispositions concernant l'utilisation des embryons humains qui n'ont plus rien à voir avec la question de l'homoparentalité, et qui tendent à nous rapprocher dangereusement d'un roman d'Aldous Huxley), s'affirmer contre expose immanquablement à l'accusation d'homophobie.